Les paysages du Parc national des Pyrénées
À la fois patrimoine matériel et immatériel, naturel et humain, façonné par nos traditions, comme nos pratiques pastorales, le Paysage pyrénéen est un paysage de haute montagne façonné depuis des millénaires par les hommes et les femmes qui l’habitent et le travaillent, depuis plus de 7 000 ans.
Connu et apprécié pour sa qualité depuis de nombreux siècles (les premières études recensées à ce jour datant du XVIIe), ce patrimoine paysager fait aujourd’hui partie intégrante de la gestion du Parc national des Pyrénées, par le biais d’actions concrètes pour mieux connaître, suivre l’évolution et ainsi mieux préserver la qualité de nos paysages.
Mais comment protéger ce que l’on peine à cerner ? Préserver des paysages “remarquables” sans avoir bien défini ce qui en faisait les spécificités ?
La première étape pour mieux préserver nos paysages réside dans leur observation, notamment pour mieux cerner et suivre leurs évolutions.
Grâce à des observations de terrain, des photographies et des photographies aériennes, des membres du conseil scientifique et des agents du Parc ont réalisé une cartographie représentant la grande diversité des paysages du Parc national des Pyrénées.
Ces travaux complètent ceux menés à l'échelle des départements : Atlas de paysage des Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Atlantiques
Naturel
de montagne et haute montagne
Culturel
Façonné par les activités humaines
Décrire
Photographier et cartographier les paysages pour mieux les étudier
Observer
et suivre les paysages, pour mieux les préserver
Les grands types de paysages du territoire
Une campagne de cartographie des paysages a conduit en 2012 à la publication de la carte des Unités Elémentaires de Paysages (UEP) du Parc national des Pyrénées. Il s’agit d’un état des lieux indispensable à toute action de suivi et gestion.
Cette carte se base sur une légende complète qui met en évidence 26 différents types d'unités élémentaires qui structurent les paysages du territoire.
Pour en savoir plus, cliquez sur les différents postes de légende.
Les fonds de vallée
« Saligue » et ripisylve
Formations boisées ou « saligue » (de salix : saule, dans les Pyrénées), buissonnantes et herbacées de part et d’autre d’une rivière, dans le lit majeur. Elles ont un rôle écologique par leur diversité et hydrologique fondamental ; elles furent le lieu de multiples activités (de l’élevage à la récolte du bois).
Les fonds de vallée
Cultures et prés de fauche sur "Saligue" et ripisylve déboisée
L'Homme a détruit une part importante des forêts ripuaires, diminuant ou supprimant des milieux écologiques très riches, et modifiant le fonctionnement hydrologique des gaves.
Les fonds de vallée
Torrentialité - avalanches - décapage des sols
Longues cicatrices des torrents ou des avalanches, arrachements niveaux en altitude, aboutissent à des paysages minéraux qui déchirent les versants et sont autant de risques pour les aménagements.
Les fonds de vallée
Cultures et prés de fauche
Terrasses alluviales et fonds de vallée non inondables ont des parcelles géométriques aux limites nettes, exploitées en cultures dans les principales vallées et prés dans les plus modestes. Réseaux de circulation et gros villages y sont localisés.
Les fonds de vallée
Les hameaux, villages et lieux très anthropisés
Vieux centres villageois, bouleversés par l'extension contemporaine (lotissements). Nouveaux lieux d'exploitation (carrières - zone artisanale - stations de ski).
Les fonds de vallée
Eboulis - pierriers - écoulements peu ou non végétalisés
On les trouve en abondance au pied des grands versants rocheux à tous les niveaux altitudinaux. Les uns sont actuels; d'autres, plus anciens, sont maintenant figés.
Les espaces intermédiaires
Les pâtures des bas-versants
Situées juste au-dessus des villages en soulane. Ce sont des landes sèches, associées à une chênaie rabougrie. Elles servent (de moins en moins) de pâturages d'hiver pour les brebis et sont gérées par le feu.
Les espaces intermédiaires
Les bocages dégradés
L'épaississement des haies, leur irrégularité, l'extension de la lande, la fermeture des chemins signent l'abandon progressif de certaines zones de bocage.
Les espaces intermédiaires
Les moraines récentes de la haute montagne
Les édifices morainiques du Quaternaire sont trop vastes pour constituer une seule unité. Par contre, les moraines les plus récentes (dont celles du petit âge glaciaire), en fond de cirque ou au pied des hautes corniches, forment des ensembles géomorphologiques que l'Homme utilise parfois comme pâturages.
Les espaces intermédiaires
"Bocages" bien conservés
Paysage fréquent sur les bas versants. Les prés en grandes parcelles entourées de haies denses et fines encadrent l'habitat permanent. Un réseau de routes asphaltées dessert cette partie des terroirs.
Les espaces intermédiaires
Les bordes dégradées
Mêmes critères que pour les bocages; il faut y ajouter des granges en ruine. Par contre, il y a peu d'abandon des hautes granges. Peu pentues, vastes et bien ensoleillées, elles résistent à la déprise.
Les espaces intermédiaires
Les roches nues
La vigueur des pentes, l'absence de végétation, la couleur, font de ces masses rocheuses l'un des paysages identitaires de la haute montagne, mais aussi parfois de la moyenne montagne (calcaire tout particulièrement)
Les espaces intermédiaires
"Bordes" bien conservées
Le terme désigne, en sus de la grange, les prés et les haies qui entourent la borde "privée" et empêchent la divagation des troupeaux. Plus hautes que les bocages, elles ne sont drainées que par des rudes sentiers.
Les espaces intermédiaires
La forêt claire de soulane
Grands versants, en soulane, piquetés d'arbres adultes. Les jeunes sujets sont rares. Comme les basses pâtures, ces versants servaient de pâtures aux bêtes et l'embroussaillement était combattu par le feu. De plus en plus abandonnés, ils sont peu à peu gagnés par une lande haute, avant de revenir à la forêt.
Les espaces intermédiaires
Les lacs et les zones humides
Les premiers, atouts touristiques, sont fréquents dans les grands cirques glaciaires. Les secondes signent souvent des replats derrière les grands édifices morainiques au niveau des bordes et des granges.
Les espaces intermédiaires
La forêt dense : chênaie, hêtraie et hêtraie-sapinière
Paysage classique de la forêt montagnarde, aux houppiers jointifs.
Les espaces intermédiaires
Paysages de transition vers la forêt : friches - accrus forestier - lisières
Ils traduisent parfaitement la déprise en moyenne montagne. Sous la forêt, la lande haute, parsemée d'arbres, "ferme" les bocages et les bordes, encercle les hameaux, tandis qu'au-dessus des masses forestières, profitant des zones les plus humides, les arbres partent à la reconquête des estives.
Les espaces intermédiaires
Les glaciers actuels
Ils sont peu nombreux et de moins en moins étendus, mais leur existence reste un atout touristique et nourrit tout un imaginaire de la haute montagne.
Les espaces intermédiaires
Les "hautes granges"
Ensemble de prés et de granges associés, qui sont installés sur les vastes replats ou épaulements glaciaires, aux limites des estives. Privatifs, comme les "bocages" et les "bordes" elles ont la même vocation d'élevage, mais constituent des paysages différents.
Les espaces intermédiaires
Les forêts de résineux (reboisement)
Reconnaissables à leur géométrie, aux layons qui les desservent et à leur teinte, elles peuvent localement couvrir de vastes surfaces, en ombrée surtout.
Les espaces d'altitude (estives et forêts d'altitude)
La lande pelouse basse
C'est souvent un kaléidoscope de milieux, parmi lesquels les plus favorables, souvent les mieux exposés, sont des ensembles de pelouse rase parsemée de touffes de ligneux bas. La cabane du berger est rarement loin.
Les espaces d'altitude (estives et forêts d'altitude)
La lande pelouse haute
Là où le berger relâche sa pression, l'estive se ferme ; les ligneux y prennent de plus en plus de place. Les troupeaux et le feu maintenaient les pâturages en état. Les bêtes, moins nombreuses, maintenant, ne peuvent plus gérer l'espace, et le feu échappe à la surveillance. L'estive se dégrade.
Les espaces d'altitude (estives et forêts d'altitude)
Les forêts de pins à crochets
Ces boisements clairsemés, très particuliers, accrochés parfois à quelques mètres des lignes de crêtes, méritent d'être signalés ; ils forment un paysage très spécifique.
Une fois les paysages identifiés, cartographiés et qualifiés, du point de vue de leurs caractéristiques types comme des risques menaçant leur équilibre, l’observation laisse place à l’action, entre protection, sensibilisation et résorption des points noirs paysagers.
Découvrez chacun des dispositifs de connaissance et de gestion mis en œuvre par le Parc national :