La trame sombre, espace de vie nocturne pour la biodiversité
Pour effectuer leur cycle de vie, les espèces ont besoin d’espace pour vivre et se déplacer. Cela est vrai le jour mais également la nuit. Partant de ce simple constat, préserver la biodiversité suppose que le territoire qui héberge cette biodiversité dispose d’un réseau de sites d’accueil appelés réservoirs et de couloirs de déplacement appelés corridors. S’agissant des espèces nocturnes, il est indispensable que le réseau constitué par les réservoirs et les corridors soient exempt de pollution lumineuse. Ce réseau nocturne est ce que l’on appelle une trame sombre.
Ces espaces sont à préserver ou à restaurer pour sauvegarder la capacité des espèces nocturnes ou crépusculaires à vivre dans un milieu donné.
Ciel étoilé sur la vallée du Marcadau - L.NEDELEC - Parc national des Pyrénées
Qu'est-ce-que la "Trame sombre" ?
La multiplication des éclairages artificiels et la pollution lumineuse qui en résulte perturbe les équilibres de la biodiversité en se superposant à différents problèmes. L’identification d'une trame sombre vise à limiter la multiplication de points lumineux susceptibles de porter atteinte au bon fonctionnement des écosystèmes locaux.
Redonner aux espèces la possibilité de se déplacer le jour... et la nuit !
Dans le but de redonner aux espèces la possibilité de se déplacer sur le territoire, un programme nouveau a vu le jour à l’échelle Française : les trames vertes et bleues (vertes pour le domaine terrestre et bleues pour l’aquatique).
Le principe ? Identifier les endroits où un conflit existe entre une infrastructure humaine et une voie de déplacement des espèces, puis y remédier à l’aide d’un aménagement adapté.
A titre d’exemple on peut citer les passages à faune qui enjambent certaines portions d’autoroute.
Cependant, de nombreuses espèces animales étant nocturnes, et la pollution lumineuse pouvant elle aussi constituer un élément de fragmentation à part entière, il est apparu nécessaire de travailler à une déclinaison nocturne des trames vertes et bleues. Il s’agit de la trame sombre.
Schéma théorique expliquant les corridors et les réservoirs de biodiversité (© UMS PatriNat)
Se déplacer : un besoin vital remis en cause
Pour illustrer l’une des perturbations que subit la biodiversité, prenons une image.
Imaginez que pour vos déplacements quotidiens vous deviez emprunter une route. Celle-ci vous permet d’aller d’un point A à un point B rapidement. Imaginez à présent que pour une raison particulière (glissement de terrain ou autre), cette route devienne durablement impraticable. Vos besoins étant les mêmes, vous devez toujours vous déplacer et donc emprunter une autre route, malheureusement plus longue pour effecteur votre trajet.
Imaginez que cette route soit elle aussi touchée par un nouvel évènement qui la rende impraticable. Peut-être pourrez-vous emprunter une autre route, encore plus longue, pour faire votre déplacement ? Mais le coût (en temps et en énergie) de votre déplacement deviendra alors très important. Il se peut même que vous ne puissiez plus vous déplacer...
Cette situation imaginaire pour nous est concrètement celle que vivent les organismes vivants. Les « routes » (haies, prairies, forêts, cours d’eau...), que les animaux empruntent régulièrement pour satisfaire leurs besoins vitaux (recherche de nourriture ou d’un partenaire par exemple) sont de plus en plus réduites et contraintes du fait des infrastructures que nous construisons ou des milieux que nous détruisons.
Les réseaux de transport, les clôtures, les lignes électriques aériennes, ... l’urbanisation en général, constituent autant de barrières qui fragmentent l’espace vital des espèces et isolent progressivement les populations animales les unes des autres.
Dans ce contexte, la pollution lumineuse constitue un élément de fragmentation supplémentaire qui se surajoute aux autres. La pollution lumineuse a donc un impact sur la biodiversité.
Dès 2016, le Parc national des Pyrénées s’est engagé dans une amélioration des connaissances liées aux réseaux écologiques et à la pollution lumineuse visant notamment à identifier une trame sombre sur son territoire. Pour découvrir le suivi de la trame sombre du Parc national des Pyrénées, rendez-vous sur la fiche explicative de ce suivi.