Les impacts de la pollution lumineuse sur la biodiversité


Depuis l’apparition de la vie sur terre il y a environ 3,5 milliard d’années, celle-ci s’est organisée autour de l’alternance du jour et de la nuit. Les végétaux, par l’intermédiaire du mécanisme de la photosynthèse, utilisent le jour l’énergie solaire pour transformer le dioxyde de carbone en glucides et en oxygène, que nous respirons. 

Les animaux eux aussi se sont adaptés et on distingue ceux qui vivent préférentiellement le jour (animaux diurnes) et ceux qui évoluent plutôt la nuit (animaux nocturnes).
Des adaptations spécifiques caractérisent ces derniers comme la taille des yeux, plus gros chez les chouettes et les hiboux, ou encore le développement de l’ouïe chez les chauves-souris.

Moyen duc juvénile - D. PEYRUSQUE

Jeune chouette de tengmalm - D. PEYRUSQUE - Parc national des Pyrénées

Pollution lumineuse produite par le village d'Arrens-Marsous - C. CUENIN

La multiplication des éclairages artificiels nocturnes et la pollution lumineuse

Cette multiplication vient profondément perturber le fonctionnement de la biodiversité. 

Les impacts peuvent être directs sur la biodiversité nocturne mais également indirects sur la biodiversité diurne. Contrairement aux idées reçues, la majorité des animaux sont partiellement ou exclusivement nocturnes (64 % des invertébrés et 28 % des vertébrés). Ils sont souvent particulièrement actifs au moment du crépuscule et de l’aube

La lumière artificielle peut avoir plusieurs effets : au niveau physiologique et/ou au niveau comportemental.

C. CUENIN - Parc national des Pyrénées

Répulsion et attraction : les deux facettes de l’impact de la pollution lumineuse sur la biodiversité

S’agissant uniquement des animaux, la pollution lumineuse modifie leurs comportements selon deux modalités diamétralement opposées : l’attraction ou la répulsion. Ces deux facettes d’une même médaille contribuent toutes deux à la fragmentation des écosystèmes.

L’attraction ou « l’appétit » immodéré pour la lumière

Nous avons toutes et tous fait l’expérience d’une soirée estivale durant laquelle l’éclairage du balcon ou de la terrasse est soudainement transformé en signal de ralliement pour les insectes volants. Ce phénomène d’attraction par la lumière, appelé phototactisme positif, s’explique notamment par le fait que certains animaux nocturnes utilisent les étoiles, la voie lactée et/ou la lune pour se diriger la nuit.

En présence d’une source artificielle de lumière, ceux-ci sont alors déboussolés et inévitablement attirés par elle. La source artificielle de lumière joue ici le rôle d’un piège attractif qui va « capturer » l’animal et l’empêcher de poursuivre son trajet à la recherche de nourriture ou d’un partenaire sexuel par exemple.

Sur-éclairé et captif, il est également plus repérable par les potentiels prédateurs. La pollution lumineuse est ainsi une cause majeure de mortalité chez les insectes notamment.

Papillon de nuit Zygène de la petite coronille P. Dunogiuez

Papillon Zygène de la petite coronille -  P. DUNOGUIEZ - Parc national des Pyrénées

Pollution lumineuse Rhinolophe euryale et grand rhinolophe M. Empain

La répulsion ou l’attrait pour le côté obscur 

De l’autre côté du spectre on distingue les organismes qui manifestent un comportement inverse vis-à-vis de la lumière et la fuient. On parle de phototactisme négatif. Ce phénomène serait lié à leur capacité à vivre la nuit en s’accommodant d’un très faible niveau de luminosité ambiante. Dès lors, les sources artificielles de lumière perturbent leur vision par saturation. La lumière artificielle agit ici comme un élément du milieu à éviter.

Pour d’autres espèces encore, se déplacer requiert une discrétion absolue au risque d’être repéré par un prédateur et de finir dans son estomac.

Pour ces espèces, la nuit est le signe du début d’une intense activité pour peu que l’obscurité soit au rendez-vous. Ces animaux très sensibles à la lumière vont même jusqu’à réduire leurs activités lors des phases de pleine lune. Le développement de la lumière artificielle constitue autant de barrières infranchissables.
 

Rhinolophe euryale et grand rhinolophe - M. Empain - Parc national des Pyrénées

Perturbations physiologiques et rythmes biologiques