Les effets du changement climatique sur la biodiversité des Pyrénées


Au cours de leur évolution les espèces d’altitude se sont adaptées à la vie dans des conditions extrêmes. Leurs exigences écologiques sont fortes ce qui les rend particulièrement sensibles aux changements climatiques (augmentation des températures, sècheresses, modifications de la pluviométrie, baisse de l’enneigement, …). Cela fait de ces espèces très spécialisées d’excellents indicateurs pour rendre compte de l’impact du changement climatique sur la biodiversité.

Ces changements impactant l'ensemble des écosystèmes (milieux et êtres vivants) du territoire, c'est toute la diversité biologique, la "biodiversité" des Pyrénées qui risque d'être transformée. 

Lagopède alpin - Laurent Nédélec

Lagopède alpin - L. NEDELEC - Parc national des Pyrénées

Lézard de bonnal - Julien Vignasse

Les mécanismes d'adaptation au changement climatique

Les comportements d'adaptation varient selon les espèces et les milieux. 

  • Certaines espèces modifient leurs dates de migration, de floraison, ...
  • D'autres cherchent de nouveaux territoires, plus propices à leur développement et peuvent par exemple remonter en altitude.
  • D'autres encore évoluent au fil des générations, pour mieux s'adapter à leurs nouvelles conditions de vie.

Certaines espèces n'ont cependant pas la chance de pouvoir s'adapter assez rapidement à ces changements majeurs. En bouleversant leurs milieux et leurs conditions de vie, le changement climatique menace alors directement la survie d'espèces aux évolutions lentes, aux capacités de mouvement limitées ou vivant dans des milieux très spécifiques qui vont disparaitre.

 Lézard de Bonnal - J. VIGNASSE - Parc national des Pyrénées

La flore de montagne en péril

Dans les décennies à venir, d'importants changements devraient bouleverser la composition et la répartition de la flore des Pyrénées.

Menacées par la modification de leur écosystème comme par la colonisation d'autres plantes, certaines espèces pourraient se raréfier ou disparaître, comme le Saule herbacé, espèce inféodée aux combes à neige.

Les plantes de haute montagne pourraient ainsi perdre de 44 à 50 % de leur territoire actuel du fait de l’évolution des conditions climatiques et de la compétition avec des espèces adaptées aux climats plus doux.

Cette contraction des aires de répartition pourrait entraîner des déclins importants, notamment pour les espèces alpines et les espèces endémiques qui ne se développent que dans des conditions environnementales bien spécifiques. 

Afin de mesurer les évolutions en cours, certains dispositifs (ORCHAMP, GLORIA, Combes à neiges) suivent de près l'évolution de la flore d'altitude.         

               

60%

des espèces
de montagne
menacées
d'extinction

 

 

 

3

protocoles de suivi
spécifiques :
- ORCHAMP
- Gloria
- Combes à neige

 

 

Chiffres clés

Image
Icône oiseau2-vert- © Observatoire du Parc national des Pyrénées - © WS Interactive 2022

-0,16

jours par an depuis 1959 pour l'arrivée des oiseaux migrateurs

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Icône calendrier-vert- © Observatoire du Parc national des Pyrénées - ©calendar-1038830 - TheNounProject Mello

15 j

anticipation de la reproduction du grand Tétras depuis 30 ans

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icone_vert_observation

4

maladies nouvelles en 10 ans

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Icône observation jumelles_4- © Observatoire du Parc national des Pyrénées - © WS Interactive 2022

6

nouvelles espèces de faune exotique observées
ces 10 dernières années

La faune menacée


Le réchauffement climatique pourrait avoir des conséquences importantes sur la productivité, l'abondance, voire la survie de certaines espèces animales.

L'augmentation des températures de l'air et de l'eau ainsi que les phénomènes climatiques extrêmes ont en effet des conséquences directes (destruction des habitats, diminution des ressources, altération des conditions environnementales nécessaires aux cycles de vie,...) ou indirectes (déplacement des proies ou des prédateurs, arrivée d'espèces concurrentes, de parasites, de maladies, désynchronisation des périodes d'interaction entre les espèces dépendantes, ...)..

Ces phénomènes seront d'autant plus marqués en montagne que les espèces qui y vivent accomplissent leur cycle de vie dans des conditions difficiles et vivent dans des milieux très spécifiques peu répandus et peu étendus.

On constate dores et déjà des modifications de la répartition de certains oiseaux de haute montagne comme le lagopède alpin, les conséquences de certains épisodes climatiques extrêmes (crues, sècheresses) sur la faune aquatique, la progression en altitude d'espèces exotiques (Ecrevisse signal) et l'apparition de nouvelles maladies (Ranavirus). Toutefois, la hausse des températures est également à l'origine de l'arrivée de nouvelles espèces à enjeu patrimonial (Monticole bleu).

Des suivis spécifiques mis en œuvre par le Parc national des Pyrénées et ses partenaires devraient nous permettre de mesurer plus précisément ces évolutions dans les années à venir (Suivi du lézard de Bonnal, protocoles menés dans le cadre des programmes "Sentinelles du climat").