La biodiversité ordinaire


Depuis l’émergence de la vie sur Terre il y a environ 3,5 milliards d'années, la biodiversité n’a cessé de se diversifier.

Cette diversité représente une richesse : les mécanismes de l’évolution ont permis aux espèces de s’adapter aux différentes conditions qui règnent sur la Terre et aux évolutions de celles-ci.

Chaque espèce vivante a une place bien précise, car comme l'Homme, chacune a ses préférences : l’eau ou la terre ferme, le froid ou le chaud, l’ombre ou la pleine lumière,...

photo biodiversité ordinaire - © ABDELHADI-MORLHON Maël - Observatoire Parc national des Pyrénées

M. ABDELHADI-MORLHON - Parc national des Pyrénées

photo biodiversité ordinaire - hêtre - © VERDIER Chantal - Observatoire Parc national des Pyrénées - photo00001775

La spécialisation ou l'art subtil d'habiter un territoire


Prenons l'exemple du hêtre, arbre caduque emblématique des forêts d'Europe, qui perd ses feuilles au fil des saisons :

  • Il est un peu sensible à la nature du sol
  • Il est gourmand en eau (des précipitations annuelles de 750 mm au minimum sont nécessaires à son développement)
  • Il se trouve dans les plaines françaises (à l’exception du bassin aquitain et du pourtour méditerranéen où il est très rare).
  • Il est considéré comme une espèce commune ou "ordinaire" surtout en montagne, à l'image des Pyrénées. Néanmoins, les changements climatiques actuels constituent une menace pour cette espèce adaptée aux conditions actuelles de ces milieux.

C. VERDIER - Parc national des Pyrénées

Comment se traduit l’abondance des espèces ? 

Chaque espèce (végétale comme animale) peut voir sa population se développer dans un milieu où les conditions lui correspondent pour s’épanouir, voire à terme s’étendre sur le territoire. 

Mais tout dépend du degré de spécialisation de chaque espèce :

  • Une forte spécialisation indique que les espèces occupent des milieux très spécifiques, parfois hostiles pour les autres espèces (comme les hauts sommets où les conditions climatiques sont rudes). Si ces milieux étant rares, les espèces associées le sont aussi.
  • Une faible spécialisation permet aux espèces de s'acclimater à des milieux plus variés, et donc à avoir une aire de répartition plus large et à être moins sensible aux évolutions, voire à la disparition de certains milieux.
photo biodiversité ordinaire - espèce - © LUC Flavien - Observatoire Parc national des Pyrénées - photo00055602

F. LUC - Parc national des Pyrénées

photo biodiversité ordinaire - insecte - pollinisation - © LUC Flavien - Observatoire Parc national des Pyrénées - photo00049149

Ne pas confondre ordinaire et négligeable


Qualifier une espèce d’"ordinaire” ne constitue en aucun cas un jugement de valeur et ne signifie pas que c’est une espèce négligeable, au contraire !

Certains des insectes qui assurent la fonction de la pollinisation dans l’écosystème sont communs (mouches, bourdons, abeilles, papillons...). Sont-ils à négliger pour autant ? 

La biodiversité qualifiée d’ordinaire ou de commune contribue à l'équilibre général des milieux. La connaissance de cette biodiversité, des menaces qui peuvent peser sur elle et des actions qui peuvent être mises en place pour la préserver constitue un enjeu important.

F. LUC - Parc national des Pyrénées

Un objet d'étude à part entière


Dans le contexte actuel où la biodiversité fait l’objet d'une forte érosion, l’attention est de plus en plus portée sur la biodiversité ordinaire, au-delà des espèces à faible effectif qui restent l'objet d'attentions particulières du fait de leur grande fragilité.

En effet, en biologie de la conservation, l’étude et la préservation des espèces rares n’est pas suffisante même si elle est nécessaire. Les espèces rares s'intègrent en effet dans la chaine du vivant et c'est l'équilibre général des milieux qui garantit la préservation globale de la biodiversité. L'étude de la biodiversité “ordinaire” vient donc compléter le suivi des espèces les plus rares. 

photo biodiversité ordinaire - suivi étude - © ABDELHADI-MORLHON Maël - Observatoire Parc national des Pyrénées - photo00058994

M. ABDELHADI-MORLHON - Parc national des Pyrénées

Au chevet de la biodiversité dans toute sa complexité


Pour comprendre le fonctionnement actuel des écosystèmes et éventuellement anticiper les bouleversements que provoquent le changement climatique, et l'évolution des activités humaines, il est nécessaire de connaître la biodiversité dans son ensemble, des espèces les plus rares aux plus ordinaires. 

Comment vont évoluer les cortèges d’espèces d’un point de vue qualitatif, quantitatif mais aussi spatial (migration, remontée en altitude...)? De quoi nos écosystèmes et nos paysages seront-ils faits demain ? Comment cela impactera-t-il nos activités ?
 

Des programmes contribuent à l'amélioration des connaissances sur la biodiversité ordinaire :

  • 2012 : initiation du programme Atlas de la Biodiversité Communale (ABC) avec l'objectif de dresser un état des lieux de la biodiversité à l'échelle des communes et d'en dégager les enjeux, notamment en termes de conservation,
  • 2021 : déploiement du suivi ORCHAMP. Ce suivi de long terme étudie l'évolution des écosystèmes de montagnes. Le projet vise à comprendre la manière dont la biodiversité et ses écosystèmes évoluent face aux changements globaux (dont le changement climatique).

Des groupes d’espèces font déjà l’objet de suivis de long terme en lien avec les changements globaux. Il s’agit notamment des oiseaux communs nicheurs dans le cadre des programmes suivants : 

  • STOC capture (Suivi Temporel des populations d’Oiseaux Communs nicheurs)
  • STOM  (Suivi Temporel des Oiseaux de Montagne).