GLORIA – Suivi de la biodiversité des sommets du Monde
GLORIA (Global Observation Research Initiative in Alpine Environments) est un réseau mondial d'observation à long terme des hautes montagnes. Le programme s’intéresse à plus de 100 massifs montagneux, répartis sur les six continents.
Les milieux de hautes altitudes étant particulièrement sensibles aux effets du changement climatique, GLORIA vise à comparer, à l'échelle mondiale, l'ampleur et la vitesse des modifications de la biodiversité sous l'influence de ces changements majeurs.
Le réseau des Pyrénées compte quatre sites : deux en Espagne et deux en France (Réserves naturelles nationales Catalanes et Parc national des Pyrénées).
Suivi de l'Androsace ciliée - L. CAZABET - Parc national des Pyrénées
GLORIA dans le Parc national des Pyrénées
Quatre sommets suivis sur le territoire
Ces quatre sommets sont proches les uns des autres et situés à une altitude différente pour chacun d'entre eux. Ils doivent être peu fréquentés des randonneurs, afin que le piétinement ne fausse pas les résultats.
L’inventaire des 2 premiers sommets a été réalisé à l’été 2018 : le petit pic Cardal (2 312 m) et le pic du Cardal (2 563 m).
L’inventaire des deux plus hauts sommets a ensuite été réalisé fin juillet 2019 : le pic du lac des Gentianes (2 729 m) et le pic de Labas (2 947 m).
Suivre l'évolution de la biodiversité de nos sommets
Données clés
0,25 - 1m²
de zones d'observation par "quadrat"
Flore
Inventaire floristique complet par "quadrat"
Identifier
et compter chaque espèce, chaque plante
Photos
et prélèvements à l'appui, pour soutenir l'analyse
Quelle(s) méthode(s) de suivi ?
L'inventaire en quadrats
Ce suivi repose sur la définition d'un certain nombre de zones d'observation de tailles variables (entre 0,25 et 1m²). À chaque point d'observation du réseau, des « quadrats » (carré ou rectangle en métal, en bois ou en plastique) sont installés pour clairement délimiter, isoler un échantillon de terrain à étudier.
Comment ça marche ?
Une fois la zone d'étude clairement délimitée, l'équipe de suivi (Conservatoire botanique des Pyrénées et de Midi-Pyrénées) y réalise un inventaire floristique complet. Cet inventaire s'appuie sur l'identification, le comptage, la photographie, voire sur le prélèvement des espèces végétales présentes dans la zone délimitée.
Dans quel but ?
Les données recueillies seront ensuite traitées, analysées et croisées afin d'estimer le taux de recouvrement de la végétation, comme d'autres indicateurs servant à suivre l'impact du changement climatique sur les milieux de montagne.
À ce jour, des botanistes ont effectué l'inventaire de chacune des faces des sommets choisis.
Le suivi se poursuit, les scientifiques s'efforçant de comprendre les effets du changement climatique sur la biodiversité de nos sommets, dans l'optique d'enrichir les connaissances qui soutiendront les actions de sensibilisation et de préservation de demain.
Premiers résultats du suivi GLORIA à l'échelle mondiale
Hausse
des températures globales
Hausse
du nombre d'espèces de plantes vasculaires
Déclin
des espèces d'altitude alpines à nivales
Déclin
du nombre des espèces dans les milieux méditerranéens
Les inventaires n'ont été réalisés qu'une seule fois sur les sites pyrénéens. Aucune évolution ne peut donc être constatée. En revanche, des résultats sont d'ores et déjà disponibles sur les sites où les inventaires ont été reconduits.
Une augmentation des plantes adaptées aux climats arides
Les premiers résultats du programme GLORIA à l'échelle internationale montrent déjà une forte augmentation du nombre d'espèces de plantes vasculaires (plante dotée de vaisseaux qui servent à la circulation de la sève).
Cette augmentation est synchronisée avec la hausse des températures : les espèces les mieux dotées pour aller chercher puis stocker l'eau, de plus en plus rare avec le réchauffement des températures, résistent mieux et s'imposent sur leur territoire de répartition.
Parallèlement, en 20 ans, la végétation alpine à nivale (végétation située au niveau des neiges éternelles, gourmande en eau et résistante au froid) n'a cessé de décliner.
On constate donc un déclin des espèces adaptées au froid et une augmentation progressive des espèces plus adaptées aux climats chauds.
L'inégalité des espèces face au changement climatique
Le changement climatique affecte donc différemment la végétation des montagnes européennes :
- Les sommets des montagnes boréales et tempérées ont connu une diversification et augmentation moyenne du nombre d'espèces (les espèces d'altitudes inférieures et de climats plus doux progressant sur le territoire des plantes adaptées aux climats plus rudes).
- À l'inverse, dans les régions méditerranéennes, le nombre d'espèces a diminué. Une diminution qui pourrait notamment s'expliquer par les effets combinés d'une aridité plus élevée et d'une diminution des précipitations, évolution que même les plantes adaptées aux climats secs semblent peiner à supporter.
P. FONTANILLES - Parc national des Pyrénées