Le suivi de la Chouette de Tengmalm dans les Pyrénées
Décrite pour la première fois en 1758, la Chouette de Tengmalm (ou nyctale de Tengmalm) est un petit rapace nocturne particulièrement discret et encore plein de mystères.
Aujourd'hui menacée par la modification voire la destruction de son habitat naturel (les zones forestières), la nyctale de Tengmalm fait l'objet d'un dispositif de suivi sur le territoire du Parc national des Pyrénées.
Dans le cadre du réseau des « petites chouettes de montagne » coordonné localement par l’Office national des forêts, le Parc national des Pyrénées inventorie les sites de présence de l’espèce et s'engage dans la recherche de connaissances et de solutions favorables à la sauvegarde de l'espèce sur son territoire.
Chouette de Tengmalm - L. NEDELEC - Parc national des Pyrénées
Les objectifs du suivi de la Chouette de Tengmalm :
- déterminer la présence de mâles chanteurs pour actualiser la connaissance de la répartition de l’espèce,
- rechercher et localiser les nids pour suivre la reproduction de l’année et surtout permettre la prise en compte de l’espèce dans le cadre des coupes forestières prévues.
Chiffres clés des populations de Tengmalm
115
contacts réalisés depuis 2012 (au chant, à l'écoute)
13
sites prospectés en moyenne chaque année (à l'écoute)
Lancement du suivi : 2012
Périodes de suivi : février-mars
Dispositif : Prospection, analyses de terrain
Modalités : Prospection auditive (écoute) et recherche d'indices
Synthèse des résultats :
Depuis 2012, 73 contacts de Tengmalm au chant ont été recensés sur le territoire du Parc national sur 13 sites différents.
En fonction des vallées prospectées, une certaine hétérogénéité apparait dans la connaissance de l’espèce.
Globalement, la répartition de la Chouette de Tengmalm est mal connue, notamment dans la partie des Hautes-Pyrénées du Parc où les inventaires n’ont été engagés qu’en 2021.
Dans la partie béarnaise, la forte mobilisation des agents de l’ONF et des équipes du Parc national depuis 2010 permet de disposer d’une connaissance plus fine de sa répartition.
Avec le peu de données récoltées, il est actuellement impossible de dire si les populations sont stables, en régression ou en augmentation.
La protection de l’espèce passe essentiellement par la conservation de ses habitats de reproduction et de chasse. Cela implique une gestion et une exploitation forestière adaptée à la sauvegarde de la Chouette de Tengmalm.
Répartition connue de la Chouette de Tengmalm sur le Parc national des Pyrénées, depuis 2012.
Suivre le chant de la Chouette de Tengmalm
Le suivi de la Chouette de Tengmalm s’inscrit dans le réseau de suivi des « petites chouettes de montagne » coordonné localement par l’Office national des forêts des Pyrénées-Atlantiques.
En fonction de la configuration des sites et des résultats des différents dispositifs, 2 méthodes d’inventaire peuvent être pratiquées : l'écoute et la recherche de nids.
Données clés
10 min
d'écoute tous les 400 - 500 m
2
prospections entre février et avril (période du pic du chant des mâles)
1h30
d'écoute sur X points fixes
2
sessions d'écoute, à 15 j d'intervalles
Quelle(s) méthode(s) de suivi ?
Le suivi par l'écoute
Comment ça marche ?
L'inventaire au chant par points d'écoutes : les équipes parcourent un itinéraire de nuit, en pratiquant des temps d'écoute de 10 minutes tous les 400 à 500 m. Chaque itinéraire est parcouru 2 fois, à au moins 15 jours d’intervalle entre février et avril.
Dans quel but ?
Objectif : repérer, à l'oreille, la présence de mâles chanteurs pour actualiser la connaissance de la répartition de l’espèce. Chaque chant comptabilisé induit une zone de présence de l'espèce.
Quelle(s) méthode(s) de suivi ?
Le suivi par la recherche d'indices : la recherche de nids
Comment ça marche ?
La recherche de nids : de mars à mai, les équipes se rendent sur les lieux de chants avérés pour y rechercher des nids. Ces nids sont généralement construits dans des cavités naturelles, dans les troncs d'arbres ou dans des loges de Pic noir (Dryocopus martius), parfois réutilisées par les femelles Tengmalm pour élever leur nichée.
Pour savoir si les oiseaux sont présents, un grattage de la base de l’arbre fait jaillir la petite chouette qui apparaît alors à l’orifice de la cavité et dévisage son « perturbateur » de peur que ce soit un prédateur (Martre).
Pour le suivi des nichées, des perches en carbone munies de caméra sont utilisées par les partenaires du Parc national des Pyrénées pour contrôler une éventuelle occupation de la loge.
Dans quel but ?
Objectif : rechercher et localiser les nids pour suivre la reproduction de l’année.
Les données recueillies lors des analyses de reproduction des chouettes permettent ensuite d'orienter les plans de gestion forestière, notamment en interdisant la coupe de certaines zones habitées, pour préserver la quiétude de l'espèce.
Chouette de Tengmalm - J. DEMOULIN - Parc national des Pyrénées