La gestion forestière en zone cœur du Parc national des Pyrénées

Les activités forestières (gestion sylvicole, récolte de bois, génie écologique pour la restauration des terrains en montagne, ...) sont autorisées dans la zone cœur du Parc national. Certaines opérations sont toutefois règlementées et font l'objet d'autorisations spécifiques de la direction. C'est le cas du débroussaillage, des coupes de bois, de la création des dessertes, des plantations d'arbres ou des aménagements destinés à l'accueil du public en forêt.

Le Parc national des Pyrénées veille à améliorer la connaissance des écosystèmes forestiers de son territoire et de travailler en concertation avec les propriétaires, les gestionnaires et les exploitants afin que les enjeux identifiés soient pris en compte dans le cadre de la gestion forestière.

Débardage par mules S. ROLLET - Parc national des Pyrénées

Débardage de bois par mules - S. ROLLET - Parc national des Pyrénées

Le cas des coupes de bois en zone cœur


Les coupes de bois sont soumises à autorisation de la Direction du Parc national lorsqu'elles ont un impact visuel notable (coupe à câble, création de traine, ...) ou lorsqu'elles peuvent perturber des habitats d'espèces végétales ou animales à enjeux listées dans la charte du Parc national des Pyrénées.

Ces projets sont par ailleurs soumis à l'avis du conseil scientifique du Parc national des Pyrénées.

 

Quels enjeux ? 


Les activités d'exploitation forestière :

  • Influencent le paysage dans lequel elles se déroulent (impact visuel important lors de coupes à câbles, traîne d'arbres...) ; 
  • Peuvent perturber de nombreuses espèces animales et végétales et écosystèmes remarquables à préserver.

La gestion forestière peut être adaptée pour limiter au maximum les effets négatifs sur les milieux et les espèces, voire favoriser le développement de certaines espèces à enjeux.

C'est en ce sens que le Parc national des Pyrénées travaille avec les propriétaires et les gestionnaires : pour adapter la gestion menée en zone cœur en lien avec les enjeux présents et les objectifs de conservation. Chaque projet de coupe est ainsi soumis à l’avis du conseil scientifique du Parc national des Pyrénées. Dans la zone cœur du Parc national des Pyrénées, seules des forêts publiques font l'objet d'une exploitation forestière. L'Office national des Forêts (ONF) est ainsi un interlocuteur privilégié pour le Parc national, en lien avec les collectivités propriétaires des forêts.

Enjeux clés

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Icône sol forêt - Observatoire du Parc national des Pyrénées © Icône Flaticon Freepik Attribution Layer - Edit

Paysages

à préserver (forêts, clairières...)

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Icône forêt naturelle - Observatoire du Parc national des Pyrénées © WS Interactive LA 2022

Espèces

animales, végétales, fongiques...

 

Un diagnostic avant coupe pour orienter la gestion forestière et suivre ses effets

Avant chaque coupe, un travail préalable est réalisé en concertation avec le gestionnaire forestier (ONF). Ce travail permet d’identifier les enjeux, en termes de production, de biodiversité, d’accueil du public et de gestion des risques.

Outre le travail mené classiquement par l'ONF pour définir les consignes de martelage (évaluation du capital de bois sur pied, volume récoltable prévisionnel, enjeux patrimoniaux, contraintes d'exploitation), les agents du Parc national des Pyrénées réalisent un diagnostic du potentiel d'accueil de la biodiversité du peuplement prévu en coupe. Ce diagnostic s'appuie sur l'Indice de Biodiversité Potentiel (IBP). Il est ensuite partagé avec le gestionnaire forestier afin de définir les orientations de gestion de l'intervention programmée.

 

Données clés

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Icône loupe interrogation point pas de donnee - Observatoire du Parc national des Pyrénées © Icône WS Interactive 2022

Évaluer

Le capital de bois sur pied (debout, non à terre...)

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Icône forêt loupe observation sapin - Forêts et activités forestières - Observatoire du Parc national des Pyrénées © Icône WS Interactive LA 2022 reverse

Identifier

Les essences et l'âge des arbres étudiés

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Icône loupe interrogation point pas de donnee - Observatoire du Parc national des Pyrénées © Icône WS Interactive 2022

Évaluer

Le meilleur taux de prélèvement pour une gestion durable

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Icône forêt naturelle - Observatoire du Parc national des Pyrénées © WS Interactive LA 2022

Estimer

L’indice de biodiversité potentielle (IBP)

Quel indicateur ?
L'indice de biodiversité potentielle (IBP).

Quels critères pris en compte ?

  • La diversité en essences d’arbres
  • La structure de la végétation ;
  • La présence de bois morts ;
  • La présence d’arbres vivants de gros diamètre ;
  • La présence d’arbres porteurs de dendromicrohabitat (par exemple les cavités de certains arbres qui abritent des groupes d’espèces spécifiques) ;
  • La présence de milieux ouverts dans la forêt (clairières).

 

Ces critères sont importants car ils peuvent être influencés par la nature de l'intervention forestière qui sera réalisée.

Hormis ces facteurs, l’IBP intègre également des éléments de contexte favorables à la biodiversité générale du site, comme la présence de milieux humides ou rocheux, ou encore la continuité de l’état boisé sur laquelle la gestion forestière n'a pas d'influence.

Que mesure-t-on ?

Ces critères permettent d'estimer le potentiel d’accueil du peuplement forestier pour la biodiversité forestière. En fonction du diagnostic, les consignes de martelage (opération qui consiste à désigner les arbres à exploiter) pourront être adaptées pour conserver le potentiel d'accueil de la forêt, voire l'améliorer à moyen terme.

 

Le diagnostic peut être reconduit après coupe afin de :

- vérifier que la gestion forestière a été conforme aux attentes

- s'inscrire dans le cadre d'une gestion adaptative (retour d'expérience sur l'intervention réalisée).

 

 

Les forêts en sylviculture en Zone cœur du Parc national des Pyrénées

Répartition forestière 

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Icône moitié forêt grise Forêt et activités forestières - Observatoire du Parc national des Pyrénées - © Icône Flaticon Freepik Forest Attribution Edit WS Interactive

3 200 ha

45% de la surface forestière en sylviculture 

 
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Icône forêt naturelle - Observatoire du Parc national des Pyrénées © WS Interactive LA 2022

1999 ha

classés hors sylviculture ou en évolution naturelle

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Icône forêt ancienne Forêt et activités forestières - Observatoire du Parc national des Pyrénées -

7 ha

classés en îlot de sénescence

Indicateurs : Surfaces de forêts classées, autorisations de coupe
Dispositif :  Suivi cartographique, suivi administratif 

Synthèse des résultats : 

En 2020, les forêts situées en Zone cœur du Parc national des Pyrénées se divisaient en 3 grands groupes : 

  • 3 200 hectares en sylviculture : les peuplements forestiers font l'objet d'une exploitation forestière ;
  • 1999 hectares hors sylviculture ou en évolution naturelle qui ne feront pas l'objet d'exploitation sur la durée de l'aménagement forestier (20 à 25 ans)
  • 7 hectares ont été classés "îlot de sénescence" pour préserver la biodiversité unique des forêts concernées. Elles vieillissent donc librement sur des périodes de 20 ans, généralement renouvelées pour prolonger leur protection.
  • En fonction des coupes planifiées dans la zone cœur du parc, des autorisations spécifiques sont délivrées pour l’exploitation de parcelles forestières.

Ces 10 dernières années, des autorisations ont été délivrées pour 22 hectares de forêts en moyenne chaque année. Les coupes autorisées ne sont pas toujours réalisées dans leur intégralité.

La conservation d’arbres d’intérêt pour la biodiversité du Parc national des Pyrénées

Avant chaque coupe, les agents de l'ONF identifient et désignent les arbres à exploiter en leur apposant une marque distinctive (c'est le "martelage"). Lors de cette phase préliminaire, le Parc national des Pyrénées les accompagne pour identifier les arbres présentant un intérêt pour la biodiversité. On parle d'"arbres bio" ou d'"arbres habitat".

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Arbre remarquable - L. Nédélec

Quels critères de classement ? 

Plusieurs critères permettent de classer un arbre comme "d'intérêt" pour la biodiversité locale :

  •  Les arbres vivants d'un très gros diamètre (supérieur à 70 cm), voire très très gros diamètre (supérieur à 100 cm)
  •  Les arbres porteurs de nids, de cavité, de fentes (gîtes à chauves-souris) ou de loges d'oiseaux (Pic noir, Chouette de Tengmalm par exemple) susceptibles d’abriter des espèces protégées.
  •  Plus largement, les arbres vivants porteurs de dendromicrohabitats. Il s'agit de singularités morphologiques portées par des arbres vivants et utilisées par des espèces parfois hautement spécialisées. Ils sont souvent liés à la présence de parties mortes (blessures, bois sans écorce, cime cassée, cavité à terreau, ...) ou des éléments particuliers (écoulement de sève, cavité remplie d'eau, ...).
  •  Les arbres morts (debout ou au sol), voire dépérissants dont la conservation peut être intéressante s'ils sont peu nombreux.

 

Comment les matérialiser ?

Ces arbres sont identifiés par un triangle renversé afin d’être repérés et préservés par l’exploitant forestier. 

Ces arbres constituent des relais dans les forêts exploitées. Ils assurent une certaine continuité avec les réservoirs de biodiversité forestière au sein de la trame de vieux bois. 

Evolution des surfaces en sylviculture et hors sylviculture