Des aménagements et équipements pour mieux préserver la biodiversité

Exploitation des ressources naturelles, extension des espaces urbains et des infrastructures humaines, évolution des pratiques, changement climatique, ... Au fil du temps, les pressions et les modifications des milieux de vie des espèces se sont multipliées.

Selon leur nombre et leur intensité, ces changements peuvent rendre certains habitats inadaptés au bon déroulement de certaines phases du cycle de vie d'une espèce. Dans le pire des cas, les conditions de vie sur le territoire peuvent se dégrader dangereusement pour certaines espèces particulièrement sensibles, ou attachées à des conditions de vie bien spécifiques.

Pour y remédier, le Parc national des Pyrénées s'engage, pour trouver un équilibre entre activités humaines et préservation de la biodiversité de son territoire.

Coq et poules de bruyère L. NEDELEC - Parc national des Pyrénées

Grand-Tétras - L. NEDELEC - Parc national des Pyrénées

Un moyen de concilier la vie des espèces et les activités humaines du territoire

Le Parc national des Pyrénées et ses partenaires s’emploient donc à recenser les milieux naturels perturbés voire menacés par les conséquences (directes comme indirectes) des activités humaines.

Ce suivi de terrain concerne aussi bien les infrastructures qui peuvent poser problème à certaines espèces (câbles électriques, barrages...) que la simple constatation de l'évolution de certains milieux naturels favorables (fermeture de milieux ouverts, dégradation de zones humides...).

Objectif final : constater le problème pour intervenir et le corriger, ou trouver un équilibre favorable aux espèces concernées.

Les interventions varient selon les problèmes constatés et les espèces concernées, entre démontage d'infrastructures, installation de nouveaux équipements et intervention directe sur les milieux naturels.

Découvrez les différents types d'interventions déployées sur le territoire du Parc national des Pyrénées :

Aménagement de zone d’hivernage pour le Grand Tétras

Pendant l’hivernage, période critique pour son espèce, le Grand tétras affectionne tout particulièrement les vieux pins tortueux à branches basses que l’on peut trouver près des crêtes ou des lisières. Ces arbres bien particuliers procurent au Grand tétras le gîte et le couvert, tout en lui permettant de surveiller les alentours en toute discrétion. Malheureusement, ces arbres bien particuliers ne sont pas toujours présents ou disponibles.

Pour aider les Grands tétras à passer l'hiver plus en sécurité, il peut donc (dans certains cas) s’avérer bénéfique d’intervenir directement sur le terrain pour (re)créer un environnement plus favorable à l'hivernage et à la survie de l'espèce. Dans le cas du Grand-Tétras, cela passe notamment par la préservation du pin dans les forêts fréquentées par l'espèce.

Ainsi, en vallée d’Aspe, où un bouquet de quelques pins, situé à proximité d’une place de chant, se trouvait étouffé par des sapins, une coupe sélective a été mise en œuvre en 2017. Suite à cette opération, l'espèce s'est rapidement réapproprié la zone : de nombreux indices attestent de l’utilisation de ces pins par les Grands tétras pendant la période hivernale.

Aménagement de zone d’élevage pour le Grand Tétras

La période de reproduction et d’élevage des jeunes est une autre phase critique du cycle de vie des galliformes. Pendant cette période, la qualité et la composition de l'habitat de l'espèce est un élément crucial (ressources alimentaires, déplacements faciles, protection contre les prédateurs...).
Problème : là où l’activité pastorale régresse, il peut arriver que le milieu soit recolonisé par des espèces végétales rendant le territoire plus difficile, voire impraticable par les plus jeunes poules. On dit alors que ce milieu se "referme".

Solution : la réouverture des milieux (retrait de certaines plantes, dégagement du sol pour laisser place à la prairie...), puis la réinstallation d'activités pastorales, pour entretenir le terrain.

Dans le cadre d'un appel à projet lancé par le Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, le Parc national des Pyrénées s'est engagé dans la réouverture du versant de Lazaque en vallée d'Aspe : réalisée en mosaïque à l'aide d'un robot broyeur, cette réouverture favorisera la circulation des oiseaux et l’accès des troupeaux qui, par leur action de pâturage, maintiendront le milieu ouvert tout en l’enrichissant, assurant le retour des graminées et des insectes, au menu des oiseaux jeunes et adultes.

Un bel exemple du lien étroit existant entre pastoralisme et biodiversité.

Protection de câbles et de clôtures dangereuses pour les galliformes

Les galliformes (Grands tétras, Perdrix ou Lagopèdes...) sont particulièrement vulnérables aux câbles et clôtures tendus en travers de leur territoire, véritables pièges dans lesquels ils viennent parfois se précipiter dans leurs courses ou leurs vols.

Parmi les actions menées par l’Observatoire des Galliformes de Montagne, les partenaires participent à l’inventaire régulier de ces câbles et clôtures. Dans l'espoir de limiter le nombre de collisions mortelles, différents dispositifs sont ensuite testés et mis en places sur les secteurs les plus dangereux, notamment pour rendre ces équipements plus visibles aux yeux des oiseaux.

Aujourd’hui la plupart des projets pastoraux ou de stations de sports d’hiver incluent ces problématiques dans leurs plans de développement, en adaptant leurs aménagements ou en prévoyant des dispositifs spécifiques destinés à limiter au maximum ces mortalités accidentelles.

Protection de câbles et de clôtures dangereuses pour les rapaces

Les lignes à haute tension sont une cause de mortalité accidentelle importante pour de nombreuses espèces de rapaces.

Dans le cadre d'un projet partenarial mené avec la Direction Régionale de l’Environnement de l’Aménagement et du Logement d’Occitanie (DREAL Occitanie), la Ligue de Protection des oiseaux (LPO)et les Gestionnaires du Réseau de Transport d'Electricité (RTE), le Parc national des Pyrénées participe régulièrement à l'inventaire des zones à risques (collisions constatées ou configuration du terrain propice aux accidents).

Résultat de ce travail commun : une cartographie des lignes à haute tension du territoire régulièrement actualisée, pour permettre aux acteurs de terrain d'envisager l'installation d'équipements sur les zones les plus à risques.

Chaque année, en fonction des moyens disponibles et des priorités validées, les gestionnaires du réseau allouent un budget à l’équipement progressif des lignes les plus dangereuses, pour permettre la signalisation de ces lignes aux yeux des oiseaux du territoire.

D’autres équipements, installés non pas sur les lignes mais sur les supports, visent également à réduire le risque d’électrocution.

Aménagement d’entrées de gîtes pour les chiroptères

Les chiroptères (nom des chauve-souris) sont particulièrement sensibles au dérangement et à la modification de leur habitat (grottes et cavités sombres). Pour limiter les dérangements pour cette espèce sensible, des actions de protection des gîtes de chauve-souris sont mises en place sur le territoire du Parc national des Pyrénées, en partenariat avec les collectivités locales propriétaires.

Quelques gîtes concernés par la pose de grilles : les mines de Baburet (Ferrières), la grotte d’Espalungue (Arudy), la grotte de Saint-Michel (Arudy), les anciens bâtiments thermaux de Pauze (Cauterets).

Autre action visant à contribuer à la préservation de l'espèce : la mise en place du réseau SOS Chauves-souris, qui vise à éclairer et conseiller les particuliers pour favoriser l'accueil des chauves-souris dans les bâtiments.

Des actions de sauvetage - transfert en centre de soin sont également réalisées par le réseau, pour donner une seconde chance à des chauves-souris blessées ou affaiblies.